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27 juin 2010 7 27 /06 /juin /2010 18:28

"Enfin, ennuyés par les bobards, c'est pour mardi, c'est pour vendredi, et ainsi de suite, le jour tant attendu arriva au bout d'un mois. Le 26 novembre 1941, au rassemblement du soir, on nous annonça le plombage des valises pour le lendemain. Il y avait de l'espérance !

Le 27, on passa une petite fouille sur nos valises, peu sévère, et on les plomba. On ne devait pas les rouvrir avant notre arrivée en France.

 

 

 

sortie altenburgDéclaration Nr 93 de départ du stalag IVE de 67 prisonniers, dont mon père (archives de Caen)

 

 

tableau altenburg

 liste de huit prisonniers parmi les 67 départs, dont mon père (archives de Caen)

 


Le 28 au matin, à soixante-sept, avec une journée de vivres, joyeux, on dît adieu au camp IVE et aux camarades moins fortunés que nous. On s'embarqua dans deux wagons de marchandises et en route pour le camp IVB de Mühlberg. Pourvu qu'on n'y reste pas aussi longtemps qu'au IVE. Notre espérance nous faisait oublier le froid dans notre cellule.

 

 

 

mise en congé

 

mise en congé 2

  document de mise en congé de captivité allemande (avec le journal de mon père)

 

 

On débarqua à cinq kilomètres du camp, comme treize mois auparavant. On gagna le stalag qui n'avait pas beaucoup changé, sauf un peu agrandi. On y arriva à onze heures du soir.

 

porte principale stalag IVB

 

 

 

Là, toujours le même refrain, douches-désinfection et fouille à l'arrivée. En maugréant, on passa aux douches à minuit, et de nouveau, on resta deux heures en costume d'Adam pour attendre nos vêtements. A la sortie, ce fût la fouille, qui n'eût pas lieu pour nous, nos valises étant plombées. On gagna une baraque glaciale et on s'allongea sur des lits en planches, sans paillasses, ni couvertures, à deux heures trente du matin. Pour le jour, tout le monde était gelé là-dedans.


Dans la matinée, un chef de baraque nommé se mît en devoir de nous rassembler par équipes de vingt comme c'était l'habitude. Il nous distribua gamelles et couvertures. Cela était un vendredi, le départ devait avoir lieu selon les dires le dimanche.

Il y avait interdiction de sortir de la baraque par mesure de prudence, le typhus régnant au camp parmi les Russes. On risquait de l'attraper à leur approche et d'être ainsi mis en quarantaine, et au revoir pour le départ, sans compter le risque d'y laisser sa peau. Cette nouvelle du typhus nous alarma un peu, car en deux jours, on risquait bien de l'attraper.

 

Heureusement, à une heure, après un repas de choux et de rutabagas cuits dans l'eau, sans un brin de sel ni graisse, que les cochons n'auraient pas mangé chez nous, un bruit courût comme un éclair. C'était le ramassage immédiat des couvertures et gamelles, et le rassemblement pour le départ vers la France.

Quel soulagement ! Je vous assure, ce fût vite fait !

 

Au rassemblement, après un appel et vérification des plaques, les valises non plombées le furent, on nous distribua à chacun une boule de pain et trois rondelles de saucisson pour la route.

Nous étions environ huit cents. Heureux, d'un pas léger, nous franchissons la grille, plus joyeux qu'un an auparavant, et en route vers la gare. Là, d'autres camarades d'un autre camp et un train spécial nous attendait."

 

 


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24 juin 2010 4 24 /06 /juin /2010 14:45

"Le dimanche 26 octobre 1941, un peu avant midi, alors qu'on venait de laver et de nettoyer la chambre, corvée habituelle du dimanche matin, la sentinelle vient m'appeler ainsi qu'un camarade, Jean Le Traön, et nous annonce que le lendemain matin à six heures, on devait prendre le départ pour rejoindre le stalag d'Altenburg, en vue d'un rapatriement vers la France.

 

 

carte rapatriement

carte de rapatriement (obtenue par Caen ou la Croix rouge, je ne me rappelle plus lequel des 2)

 

 

Cette annonce mit un grand émoi dans la chambrée et une grande joie bien fébrile pour moi, bien que je n'osais trop y croire, bien d'autres ayant subi des annonces semblables de départ soi-disant pour la France, et en fin de compte, c'était pour changer de kommando.

Dans l'après-midi, tout excité par l'émotion, je ramassais mon paquetage avec le camarade qui se trouvait dans le même cas que moi. On reçût des doléances et recommandations à faire aux familles des camarades qui restaient et qui enviaient notre sort.

 

Le lendemain, après une nuit où je ne dormis guère, pas de danger d'être en retard pour une occasion pareille. Un adieu et une bonne chance aux camarades et on quitta à deux l'usine Kühn, où on venait de passer onze mois bien mornes de notre existence.

 

A la gare, on rencontra quelques autres camarades auxquels on se joignit. Après l'adieu à notre sentinelle, on monta dans le train de voyageurs sous la garde d'une sentinelle. A Leipzig, changement de train. On rencontra là d'autres prisonniers dans le même cas que nous, ce qui nous donna bon espoir.

 

On débarqua à Altenburg, en Thüringe, à une quarantaine de kilomètres au sud de Leipzig

       altenburg

gare altenburg

         gare d'Altenburg

 

 

Quatre kilomètres à faire avec notre barda à travers la ville très accidentée pour rejoindre le stalag IVE, formé dans une vieille salle de théâtre entourée d'un terrain de sport, où on arriva vers onze heures, sous la neige.

Là, les bobards nous confirmèrent le départ vers la France, ce qui nous causa une grande joie, bien qu'avec eux, on n'était jamais surs avant d'être partis et arrivés.

Pour le soir, nous étions environ une soixantaine rassemblés au stalag.

 

Le soir, nous fûmes très mal couchés sur une demi-paillasse par terre étendue entre les lits des camarades et dans les galeries du théâtre. Comme ce n'était que pour quelques nuits, le départ devant avoir lieu dans le courant de la semaine, on prit patience.

Mais au bout de quelques jours, à force d'attendre, c'est un mois interminable pour nous qu'on resta dans ce stalag."

 

 


croix rouge a

                    partie de rapport de visite de la croix rouge

 

Le rapport précise aussi que les conditions d'hygiène ne sont pas bonnes, avec seulement quinze robinets d'eau froide pour les trois cents à trois cent cinquante hommes que compte le camp, qu'il n'y a ni douches, ni appareils de désinfection, aussi y a-t-il beaucoup de vermine.

 

 

"Tous les jours, les libérables étaient affectés à des corvées à droite et à gauche. Personne n'étant courageux, on faisait surtout du camouflage quand on le pouvait. Au bout de quelques jours, le départ ne venant pas, on nous vida une baraque très humide et on nous y logea sur des étagères à claire-voie, comme dans un poulailler, à trois sur deux paillasses remplies de vermines.

Le soir, c'était une drôle d'existence dans ce fourbi, entassés les uns sur les autres et augmentés encore des prisonniers de passage au camp.

 

Au bout d'une dizaine de jours, on nous renvoya tous en kommando provisoire, pour arracher patates et betteraves en retard, par équipes de dix dans chaque village. Je fus dans une ferme avec cinq compagnons, mais nous n'y restions heureusement que trois jours, le travail presque fini et la gelée étant survenue.

 

 

ramassage PDT

                                      Pegasusarchive

 

 

 

Après onze mois passés enfermés dans une usine chauffée, en ce moment, c'était un changement d'aller ramasser des pommes de terre dans la plaine parmi la boue et face à un vent glacial, au mois de novembre.

Jamais je n'ai pu m'y réchauffer, aussi j'étais bien content de rentrer au camp au bout de trois jours, malgré qu'il y avait moins à manger. Mais avec les colis et la resquille de pommes de terre "aux pluches", on pouvait se défendre.

 

Certaines équipes restèrent dans les fermes jusqu'à la veille du départ."

 

 

 

 


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  • : journaldecaptivite1940
  • : journal tenu par mon père Joseph Moalic lors de sa captivité en Allemagne pendant la seconde guerre mondiale
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  • Brigitte
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