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9 juin 2010 3 09 /06 /juin /2010 22:14

"Le deuxième dimanche de notre arrivée, le patron de l'usine, avec six ou sept personnes parmi lesquelles un qui connaissait bien le français, vinrent nous rendre visite et s'entretinrent avec nous.

Le patron, qui était très bon, comme nous l'avaient dit les ouvriers, nous assura par l'intermédiaire de son interprète qu'il ferait son possible pour bien nous installer et adoucir notre captivité. C'était déjà notre impression, car tous ceux qui nous entouraient étaient très chics et très corrects envers nous.

Parmi nous, tous se plaisaient et étaient contents du kommando. Sûrement, nous n'étions pas les plus malheureux prisonniers.

Certains de mes camarades étaient employés au manipulement du bois, à la scierie, aux machines, à la ferraille, d'autres à un peu de tout. Nulle part, le travail n'était trop pénible.


 

 

 

usine kuhn 4

                   une partie de l'usine, à l'abandon  (google earth)

 

 

 

On nous donna du savon et de la graisse-cirage pour les chaussures. Tous les matins, il fallait être ciré. L'Allemand est très coquet!

 

poste TSF

 

Une antenne était placée dans la chambre, on se demandait pourquoi. Le dimanche 8 décembre,dans l'après midi, la sentinelle, qui avait un poste de TSF dans sa chambre, nous l'apporta avant de sortir.

Nous eûmes la satisfaction d'entendre quelques morceaux de musique et le soir, les informations et une causerie qui nous combla de joie et de surprise.

 


 

Le 10 décembre, eût lieu un discours d'Hitler à midi. Le travail finit à moins dix, tous les ouvriers devant écouter le discours aux micros à la cantine, le portrait d'Hitler illuminé et fleuri placé devant eux. Le discours dura une heure trente, le travail ne commença qu'à deux heures. Nous ne demandions pas mieux, puisque le soir, il finit à la même heure.

 

Tout en Allemagne est dirigé vers le sens militaire et tout le monde a le caractère et l'esprit militaire poussé à fond, même dès le plus jeune age. C'est ce qui a fait la force de ce peuple dans cette guerre.

Un soir,nous vîmes dans la rue un petit cortège de six à huit gosses de quatre à sept ans en uniformes, avec un petit fusil sur l'épaule, casque sur la tête. Ils jouaient aux petits soldats sous le commandement de l'un d'entre eux qui portait un étui à révolver en cuir, c'est tout dire! Plusieurs fois, dans la suite, nous aurons l'occasion de revoir les mêmes, jouant à la vraie petite bataille."

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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9 juin 2010 3 09 /06 /juin /2010 16:16

"Le lundi matin, 25 novembre 1940, commença notre travail à l'usine.

A six heures trente, lever et toilette, après, jus et casse-croûte.

A huit heures, le vieux Max, qui dorénavant s'occupera de nous, vint nous chercher en compagnie d'un directeur. Nous descendons à l'usine.

 

Nous sûmes alors que nous nous trouvions dans une usine de carosserie automobile militaire."

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IL s'agit de l'usine de carosserie Otto Kühn et Co, kommando dépendant du stalag IVD de Torgau.

 

Karosseriewerk Otto Kühn und Co

39-40 , Merseburgerstrasse

Halle/saale

 


usine kuhn 1

               ce qui reste de l'usine aujourd'hui ( google earth )

 

 

A partir des années 20, l'usine était le principal fournisseur de carosseries spéciales pour Opel. Après 1945, elle construit notamment la carosserie de la voiture de tourisme Wartburg.

 

 

 

siege social

                           ancien siège social Karosserie Kühn

 

C'est tout ce que j'ai pu trouvé comme renseignement sur cette usine. J'ai eu l'adresse par les courriers envoyés à mon père par sa famille. Autant les archives de la ville que l'ambassade de France à Bad Arolsen n'ont pu trouver de documents de l'usine à cette époque, une grande partie de ces documents ayant été détruits par faits de guerre et d'après-guerre. Le seul élément retrouvé est qu'il y a bien "de la main d'oeuvre étrangère" qui y a travaillé pendant la guerre.

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"On nous conduisit chacun à son nouvel atelier. Avec deux camarades, je fus placé à la peinture, sous la surveillance d'un petit vieux. Nous avions à peindre des planches travaillées et prêtes au montage. Le travail pour nous ne manquait pas dans cet atelier de scierie où travaillaient une dizaine de menuisiers, qui débitaient et travaillaient tout à la machine.

Notre première journée se passa très bien. Les ouvriers nous regardaient avec un peu de curiosité, sans brimades.

 

A midi et quart, avait lieu la soupe populaire à la cantine de l'usine. Nous autres, nous devions la manger dans notre chambre.

Le travail reprenait à treize heures moins le quart, donc il fallait faire vite. Le soir, le travail finissait à cinq heures, soit huit heures et demi de travail.

 

Le soir, chacun raconta sa première journée et ses impressions, qui étaient toutes bonnes.

 

Et notre vie s'organisa à l'usine où travaillaient dans les trois cent cinquante ouvriers, auxquels on s'habitua assez vite, et desquels on recevait quelquefois des casse-croûtes et des cigarettes.

Nous éions mieux nourris qu'au camp. A midi, on mangeait comme les ouvriers à la cantine, et à partir de la deuxième ou troisième journée, on eût aussi sa gamellée le soir, mais au lieu de toucher cent cinquante grammes de pain tous les trois jours, on n'en recevait plus que cent grammes. En plus, le soir, on touchait pour le casse-croûte une ration de margarine et de pâté, et deux ou trois fois la semaine, des confitures et du café chaud comme le matin.

 

Tous les jours, un homme à tour de rôle restait à la chambre pour le nettoyage et les corvées pour la sentinelle.

Comme propreté, c'était bien. Les lavabos à eau courante étaient contigüs à la chambre. Tous les matins, il fallait se mettre torse nu pour la toilette. Tous les samedi après-midi, à trois heures, nous avions les douches et après, on lavait son linge à l'eau chaude à côté.

 

Le samedi, on ne travaillait pas l'après-midi, mais le matin, on travaillait de huit heures à treize heures trente.

Le dimanche, toute la journée, nous étions renfermés dans la chambre. Le matin, vers huit heures trente, avaient lieu le réveil et le jus. Après, il fallait laver la chambre, les lavabos et les escaliers. Entre tous, c'était vite fait.

Puis, on se mettait au jeu. Cela n'empêchait que ce jour-là paraissait souvent plus long que les autres, avec le cafard qui nous prenait en pensant au pays.

 

 j cartes


Le chauffage central fût terminé au bout d'un huitaine de jours. Avec cela, on pouvait affronter l'hiver sans trop de craintes."

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8 juin 2010 2 08 /06 /juin /2010 16:09

les dessins, poèmes, documents, autres que personnels, publiés avec autorisation tout au long du parcours à l'usine Kühn, sont tirés des sites :

"Mémoire et Avenir", association de souvenir et

"Meurtre dans un oflag", blog mémoire en hommage à Raymond Troye, officier de l'armée belge.

 

 

"Vers six heures du soir, nous arrivons à Halle-sur-Saale, en Saxe, à près d'une centaine de kilomètres du camp de Mühlberg.

 

 

halle carte postale

 

 

Nous descendons à quai et aussitôt, notre groupe le premier est appelé.

Nous montons dans un camion qui démarre aussitôt. Nous roulons peut-être cinq minutes dans la ville sans voir grand-chose, la nuit étant venue.

Puis, nous rentrons par un grand portail dans une cour qui nous semble être celle d'une usine. Le camion stoppe, nous sommes aussitôt conduits dans une grande salle de cantine civile, où l'on nous sert une bonne gamellée de soupe aux nouilles.

Après, nous sommes conduits dans une grande salle qui sera notre dortoir. Là, chacun trouve un placard pour mettre son paquetage, on nous donne une paillasse que nous allons remplir dans un garage, des couvertures, et nous installons notre lit sur le plancher pour la première nuit, nos lits étant encore en voie de montage.

 

Tout cela s'est fait à une vitesse vertigineuse, on se demande où nous sommes, dans quel genre d'usine, car nous avons tous l'impression d'être en usine. Notre première impression est d'être assez bien tombés, mais pour juger, il faut attendre les jours suivants.

Sur cela, nous nous mettons au lit.

 

Le lendemain, vers sept heures trente, on se lève. Des ouvriers arrivent dans notre chambre pour monter les lits et installer le chauffage central. Nous leur donnons un petit coup de main.

Vers neuf heures ce jour-là, nous eûmes le jus et un bon casse-croûte avec du beurre et du pâté! On nous distribue toute une vaisselle, deux assiettes, un plat-gamelle, une tasse avec soucoupe et un couvert. Avec cela, nous étions bien montés, il ne manquait que de quoi mettre dedans.

Vers midi, nous eûmes la soupe, qu'on alla chercher à la cantine et que nous mangeâmes dans notre chambre. le repas nous donna bonne impression sur la nourriture, cela valait mieux que le camp.

Vers deux heures, nos lits étaient terminés, on les installa. C'étaient des lits doubles superposés avec un fond de grillage simple et propre assez confortable.

Le repas du soir ressembla à celui du camp, sauf qu'il était de meilleure qualité et en quantité plus abondante. Par ailleurs, rien que de l'ersatz de jus, meilleur que celui du camp, surtout qu'on nous donnait un peu de sucre pour le sucrer.

 

 

la soupe Mea               distribution de la soupe  site Mémoire et Avenir

 


Le lendemain, dimanche, on resta encore dans la chambre, ne devant commencer à travailler que le lundi matin.

Notre matinée se passa en nettoyage et l'après midi en jeux de cartes.

 

 

 

joeur de cartes mea                  dessin de Pierre Lelong  Mémoire et avenir

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7 juin 2010 1 07 /06 /juin /2010 16:28

 

 

La plupart des prisonniers de guerre a été envoyée en kommando de travail.


Certains grouperont plusieurs centaines d'hommes, strictement gardés par des soldats, avec une discipline militaire. Dans d'autres kommandos, l'effectif se réduira à quelques prisonniers, surveillés par un seul soldat, avec un règlement beaucoup plus souple.

 

Certains prisonniers logeront dans des baraques, des hangars, des dortoirs, et partiront au travail strictement surveillés. D'autres logeront chez leur employeur, certains avec de nombreux privilèges, d'autres dans des conditions pénibles.

 

Il y aura des kommandos agricoles, pour le travail dans les fermes, et les kommandos industriels, dans des usines de toutes sortes, des commerces...

(pour avoir une idée de différents kommandos, aller dans liens sur le site de Graham Johnson dans germany, puis stalag IVD, puis  IVD kommandos)( site en anglais, pour avoir la traduction française, taper son adresse dans google : http://www.gcjonline.plus.com ) 

 

Bon nombre de prisonniers resteront dans le même kommando, d'autres, au contraire, changeront plusieurs fois d'affectation.

 

Il y aura donc des "bons" et des "mauvais" kommandos. Le régime de captivité diffèrera selon les régions, les conditions de travail, la nourriture, l'état du logement, la discipline....

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  • : journaldecaptivite1940
  • : journal tenu par mon père Joseph Moalic lors de sa captivité en Allemagne pendant la seconde guerre mondiale
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  • Brigitte
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