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7 juin 2010 1 07 /06 /juin /2010 16:28

 

 

La plupart des prisonniers de guerre a été envoyée en kommando de travail.


Certains grouperont plusieurs centaines d'hommes, strictement gardés par des soldats, avec une discipline militaire. Dans d'autres kommandos, l'effectif se réduira à quelques prisonniers, surveillés par un seul soldat, avec un règlement beaucoup plus souple.

 

Certains prisonniers logeront dans des baraques, des hangars, des dortoirs, et partiront au travail strictement surveillés. D'autres logeront chez leur employeur, certains avec de nombreux privilèges, d'autres dans des conditions pénibles.

 

Il y aura des kommandos agricoles, pour le travail dans les fermes, et les kommandos industriels, dans des usines de toutes sortes, des commerces...

(pour avoir une idée de différents kommandos, aller dans liens sur le site de Graham Johnson dans germany, puis stalag IVD, puis  IVD kommandos)( site en anglais, pour avoir la traduction française, taper son adresse dans google : http://www.gcjonline.plus.com ) 

 

Bon nombre de prisonniers resteront dans le même kommando, d'autres, au contraire, changeront plusieurs fois d'affectation.

 

Il y aura donc des "bons" et des "mauvais" kommandos. Le régime de captivité diffèrera selon les régions, les conditions de travail, la nourriture, l'état du logement, la discipline....

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6 juin 2010 7 06 /06 /juin /2010 18:42

"Le 20 novembre 1940, toute ma baraque, composée seulement de Bretons, fût rassemblée avec tout notre paquetage pour aller au marché, car il existait un marché d'hommes au camp. Ce jour-là, le marché était très achalandé! Nous étions six ou sept cents prisonniers sur place. Là, au hasard, nous sommes placés par groupes de tant suivant les demandes. Moi, je tombe dans un groupe de vingt. On prit à nouveau nos noms, matricules, etc....  

           

Nous étions vendus !

 

Après cela, pour la forme, nous passons à l'infirmerie devant le major pour une soi-disant visite, et ce fût tout pour cet après-midi.

Le lendemain, rassemblement de nouveau de très bonne heure avec tout le paquetage, pour passer aux douches-désinfection, qui se passaient comme à l'arrivée au camp. Nous avions là pour trois heures de temps. A la sortie, ceux à qui il manquait des vêtements et du linge en reçurent. Nos vestes et capotes furent barbouillées sur le dos d'un triangle rouge à la peinture. Après cela, ce fût de nouveau la fouille de tout ce qu'on possédait, fouille qui se passa très bien pour moi.

On nous conduisit dans une nouvelle baraque. Nous n'avions maintenant qu'à attendre le départ qui nous donnait une certaine appréhension, ne sachant pas où nous allions débarquer et quel travail on allait nous demander. Au fond, nous étions quand même contents de quitter le camp, où nous nous ennuyions terriblement, et on avait l'espoir d'être mieux nourris en travaillant.

 

Le lendemain matin, 22 novembre 1940, à cinq heures, rassemblement de nouveau.

Cette fois, c'était le départ.

On rendit couvertures et gamelles, et nous voilà de nouveau sur la place pour l'appel et le groupement.

 

 

depart du campdéclaration n° 1503 de départ du stalag IVB de 70 prisonniers français, dont mon père (archives de Caen)

 

 

 

depart du camp 4liste de 8 prisonniers parmi les 70 départs, dont mon père (archives de Caen)

 

 

On nous distribua une boule de pain à trois et un bout de boudin pour le repas de midi.

 

 

depart en kommando

        distribution de nourriture pour le départ en kommando-stalag IVB

        copyright N.Uchtmann

 

 

Vers neuf heures trente, à environ six cents prisonniers, nous quittons le camp en direction de la gare.

 

  départ attente transport            départ du stalag IVB-attente transport  copyright N.Uchtmann

 

 

 A la sortie du camp, nous rencontrons un groupe d'environ deux cents malades qui descendaient du train, venant, nous dirent-ils, de Prusse Orientale. Leur maigreur et leurs mines émaciées nous donnèrent mauvaise impression. Si jamais on allait dans cette province au climat très rude....

 

Nous embarquons à la même gare qu'à l'arrivée. Cette fois, les wagons à bestiaux avaient des bancs. C'est vrai, on allait au travail!

 

Le train prit sa marche à allure d'escargot, si bien qu'à quatre heures de l'après-midi, après de multiples mouvements de va-et-vient, nous sommes encore bien près du départ.

Enfin, le train prit son essor vers l'ouest."

 

 


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4 juin 2010 5 04 /06 /juin /2010 19:34

Le camp est aujourd'hui recouvert d'une forêt dense. Il reste quelques ruines de fondations de baraques et de latrines

 

 

mühlberg vue aerienne hier

                                        vue aérienne du camp hier

 

                   Mühlberg aujourd'hui vue aerienne

                                       vue aérienne du camp aujourd'hui

 

 

 

Les photos suivantes du stalag IVB aujourd'hui sont publiées avec l'aimable autorisation de Graham Johnson, depuis son site à la mémoire de son père (voir liens)

 

 

 

 

rue principale aujourd'hui

                 rue principale       copyright : Graham Johnson

 

 

 

fondation baraque

                fondation baraque   copyright : Graham Johnson

 

 

 

ruines latrines

                          ruines latrines   copyright : Graham Johnson

 

 

cimetière aujourd'hui

                   cimetière   copyright : Graham Johnson

 

 

 

stèle                              stèle    copyright : Graham Johnson

 

 

 

 

 

 

         mémorial pour les prisonniers morts au camp de Mühlberg


 

mémorial Mühlberg 2

 

 

memorial 4  

 

                          

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                 

 

 

 

 

 

 

 memorial 3

 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   

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2 juin 2010 3 02 /06 /juin /2010 22:00

"Le stalag IVB était bien imposant par sa grandeur et par le nombre de ses baraques, installé au milieu de la plaine et entouré d'une triple haie de barbelés de deux mètres cinquante de hauteur."

 

 


vue du camp


 

(Il y a dix blocs de quatre baraques, plus une baraque d'aisances par bloc. Le camp comprenait donc quarante baraques de logements et dix de latrines.)

 

 

latrines                     latrines stalagIVB        copyright : Anne Jans

 

"Le camp était séparé en deux par une grande rue principale, avec une rangée de baraques de chaque côté. Au centre, autour d'une place, étaient disposés les cuisines, la cantine, et les haut-parleurs qui diffusaient quelques morceaux de musique et les informations en Allemand.

 

 

rue principale                         rue principale stalag IVB    copyright : Anne Jans

 

 

Chaque baraque était double, avec les lavabos disposés au milieu. Dans chaque corps de baraque étaient logés deux cents prisonniers sur des paillasses en paille de bois, disposées sur des lits de bois quadruples et à trois étages.

 

 

 

chambrée                     intérieur de baraque stalag IVB   copyright: N.Uchtmann

 

 

Le batiment était chauffé au charbon dans un genre de four en briques qui gardait à la chambre une température douce.

Dans la baraque, défense de fumer. Attention au défaillant qui se faisait prendre. Son casse-croûte sautait.

 

 

 

bloc sanitaire                                douches stalag IVB       copyright : Anne Jans

 

Dans chaque baraque, il y avait un adjudant français comme chef de baraque, sous les ordres d'un Allemand, avec quatre ou cinq sous-officiers comme chefs de groupe, et un interprète. Deux ou trois balayeurs étaient aussi affectés à chaque baraque pour le nettoyage de la carrée.

 

A cinq heures, tous les matins, avait lieu le réveil et le jus, plutôt de l'eau tiède, et à six heures, appel par une sentinelle allemande. C'était idiot de nous faire lever de si bonne heure pour ne rien faire de toute la journée!

 

 

 

appel

                         appel stalag IVB   copyright : N.Uchtmann

 

 

Pendant les heures de travail, de huit heures à onze heures trente et de treize heures à seize heures trente, personne ne devait s'absenter de la baraque. A tout moment, un Allemand pouvait venir chercher des hommes de corvée pour le camp, pour l'épluchure de patates en particulier, corvée qui n'était pas intéressante. Par le froid, rester deux ou trois heures au milieu de la cour près de son tas de pommes de terre, par n'importe quel temps, n'avait rien d'envieux, aussi les amateurs volontaires n'étaient guère nombreux, sauf pour la resquille.

Mais ici encore, il ne fallait pas se faire prendre emportant des tubercules. Après chaque séance, avait lieu une fouille. Cela n'empêche qu'il en passait quand même et que d'autres se faisaient prendre. Plusieurs subirent le passage à tabac, la suppression du repas, et le sort du garde à vous avec les bras verticaux pendant plusieurs heures comme punition.

 

 

parade des gardes                 parade des gardes stalag IVB    copyright : Barry Seddon

 

Vers midi, avait lieu le repas. On nous servait un seau entre quinze, ce qui nous faisait environ trois ou quatre quarts de rata ou de soupe dans la gamelle. C'était souvent un genre de mélange de farine et de pommes de terre ou de choux, soit une soupe aux nouilles, ou bien des patates en robe des champs, sans pain et sans viande. Ce repas était en général bien préparé, mais maigre en quantité, surtout que c'était le seul repas de la journée.

 

 

 

cuisine                                         cuisine stalag IVB

 

 

L'après midi, vers quatre heures, on nous servait un genre de thé ou de tisane, comme le matin, et un casse-croûte : une boule de pain de cent à cent cinquante grammes entre cinq et une petite rondelle de saucisson ou de boudin, et une très petite portion de graisse ou de confiture.

Avec ce régime, pas de danger de prendre des forces. A la plus petite besogne, on était à bout.

 

 

 

cantine                                       cantine stalag IVB

 

 

Le soir, près de la cantine, avait lieu tous les jours un marché clandestin, souvent d'objets prohibés, tels que les briquets, qui étaient mis en vente par les fouilleurs de l'arrivée. Les marchandises étaient des plus diverses: cigarettes et tabac, linge, boites de conserve, pommes de terre à un mark la gamelle, betterave quinze pfennigs la pièce, un cinquième de boule de pain un mark, stylos, rasoirs, montres, tout s'y trouvait dans ce genre de marché aux puces. Mais tout avait l'inconvénient d'être hors de prix. Les marchands revendeurs existaient nombreux parmi ceux qui étaient au camp depuis le début. Tous les moyens étaient bons et les trucs les plus imaginaires employés pour améliorer le sort de notre pitance. Aussi, les "cuisiniers" étaient nombreux le soir autour du poêle, attendant son tour pour faire valoir ses moyens culinaires avec le minimum d"atouts.

 

A la cantine, on vendait de la bière, et toute la camelotte qui peut servir à la toilette, mais tout avait l'inconvénient d'être très cher. En ce moment-là, était mis en vente un ersatz de miel en petit pot d'une livre, et qui faisait fureur malgré qu'il était loin de valoir le miel. Pour s'approcher du guichet, comme partout ailleurs, il fallait faire la queue un long moment. Ce miel était un mélange de glucose et d'une préparation de betteraves. Il n'avait pas mauvais goût, mais manquait de sucre.

 

 

cantine française                                              Cantine française

 

 

 

Les nouveaux-venus dans ce camp, où soixante quatorze mille soldats nous avaient précédé, passaient une soi-disant visite médicale et étaient vaccinés par la même occasion contre la typhoïde, à une cadence surement record.

 

 

vaccination                            carnet de vaccination Joseph Moalic

 

 

 

Comme loisirs au camp, il n'y avait que les sempiternelles parties de cartes du matin au soir.

Le jeudi et le dimanche, le théâtre, qui se jouait dans une salle réservée à cet effet. Les artistes, des prisonniers, étaient pour la plupart vraiment acteurs professionnels des salles de Paris et de grandes villes de province. Ils nous jouaient de jolis morceaux créés par eux sur des évènements actuels. Ils avaient fait un décor par des moyens de fortune et avaient créé un joli orchestre. Aussi, les spectateurs étaient toujours très nombreux. Pour avoir une place, il fallait louer ses places deux ou trois jours à l'avance au prix de quinze reichpfennigs la place.

 

 

 

 

theatre        théâtre et orchestre stalag IVB   copyright John and Maggie Robertson

 


Dans cette salle, tous les dimanches, se disaient deux messes. La salle était toujours trop petite .

 

 

messe                   messe stalag IVB     copyright : Barry Seddon




Les bobards ne manquaient pas non plus ici. Mais on n'y faisait plus autant attention, étant lassés de les entendre depuis déjà quatre mois. Dans ce camp, tous les Bretons étaient recrutés à part et groupés ensemble dans les baraques. Sur ce sujet, les bobards ne manquaient pas. Cherchant à savoir la cause de ce groupement, on disait que c'était pour la libération de ces prisonniers devenus autonomistes. Puis, tout d'un coup, ils étaient tous ramassés pour aller au travail en kommandos.

 

Car dans ce camp, on n'était guère que de passage, sauf les ouvriers titularisés au travail du camp : cuisiniers, bureaucrates, infirmiers, maçons, et les vidangeurs, fameuses culottes rouges des évadés repris, qui trainaient leurs marchandises tout le long de la journée dans le camp.

 


dessins faits par un prisonnier néerlandais au stalag IVB : Wim Van Hooff

 

 

entrée principale dessin

 

mirador dessin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

chambre dessin

 

 

 

 

 

 

baraques dessin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Certains de mes camarades partirent au travail deux ou trois jours après leur arrivée.

Moi, je devais y rester trois semaines."

 

 

 


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  • : journaldecaptivite1940
  • : journal tenu par mon père Joseph Moalic lors de sa captivité en Allemagne pendant la seconde guerre mondiale
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  • Brigitte
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